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Penser

Force et courage


Fonctionnaire. Toute une vie à intriguer. Rumeur de couloir. Laisser planer les doutes. Salir, dénaturer par peur, survivre, défendre sa place, son territoire. Ne jamais faire confiance et ne croire qu'en soi. Savoir, espionner, manipuler, déformer. Quelque part l'enfant n'a pas grandi malgré ses années, il se ment toujours, adapte la réalité pour éteindre sa conscience et la croire bonne dans son bon droit. Ses rêves de pouvoir, de maîtrise, de reconnaissance, le hantent et lui échappent sans qu'il s'en aperçoive. Défendre son système de croyances coûte que coûte. Tout dérape doucement de frustrations en vexations. Peut-être est-ce un sentiment de justice que l'on ressent à voir souffrir les autres quand on a soi-même mal. À un moment on doit perdre autant le respect de soi que des autres, mais cela n'affleure jamais à la conscience. Le mépris s'insinue, caché et non dit, mais il transpire si fort qu'il déborde trop souvent à la vue. Tout se transforme en jeu de victime en bourreau sans jamais transparaître ni dire son nom, tout couvert de silence, voile jeté de respectabilité. Il n'avance jamais à découvert enfin le croit-il, sur de son bon droit, sur d'être dans le vrai, sur d'agir pour le bien de tous. Il ne se rend plus compte quand il dépasse les limites du respect d'autrui. Tout est justifié par la certitude d'avoir raison, de savoir ce qui est juste et bon et de devoir l'imposer aux autres qui devraient être reconnaissant de ne plus n'avoir qu'à suivre docilement la voix de la vertu dictée. Notre liberté individuelle à laquelle nous sommes tant attaché s'arrête ou commence celle de l'autre. Elle oblige implique d'accepter le respect du nom, c'est-à-dire que l'autre puisse dire non à ce que l'on propose. Accepter le partage du pouvoir et reconnaître ses erreurs n'est pas donné à tout le monde. La tolérance, la recherche de compromis acceptables et de solutions de paix ne sont pas des signes de faiblesse comme l'on pourrait le penser, comme beaucoup trop de gens le pensent, victimes du culte du super héro, sauveur manichéen, caricature d'un système de pensée en bon et mauvais, réducteur comme peut l'être tout extrémisme fanatique, trop heureux de croire en une vérité illusoire qui les trompe en leur évitant d'accepter que la raison parfois nous fait des faux. Dans un couple, le travail ou dans la société, il faut le courage de fuir les combats inutiles et celui d'accepter ceux qui sont essentiels, en assumant le risque de perdre, si l'autre dit son nom et sa différence et en admettre les conséquences. Voilà la vraie force et le vrai courage.



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