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Suite aux péripéties du voyage et étant arrivé un rien démuni, je me décide hier à parer au plus pressé et aller faire quelques courses.
Il faut préciser que comme en Europe il fait ici particulièrement doux en cette saison, réchauffement de la planète oblige. Je reste surpris de voir à quel point personne ne semble s'en inquiéter outre mesure. La perspective de passer Noël au balcon étant de plus en plus de mise. C'est une première surprise, je m'attendais plutôt à un moins 40 de bon aloi ainsi que des montagnes de neige poudreuse et des lacs de glace. Qu'à cela ne tienne ayant repéré un supermarché Zellers non loin, je sors de mon gite et part "à pied" en direction rectiligne vers mon objectif courses. Direction rectiligne puisque que la plupart des rues (ou plutôt des avenues) sont toutes droites à plusieurs files de circulation et bordés de petites maisons individuelles alignées sagement et sans excentricité trop. Maisons basses et illuminés de décorations de Noel. Pas de séparation entre les habitations à la grande différence de chez nous où la tendance est plutôt d'isoler son espace, ici rien de tout cela. Évidemment une heure de marche avant de rejoindre le super marché. Je croise bien deux ou trois personnes sur mon chemin, il faut dire que je n'ai pas l'impression que la marche soit vraiment un sport national ici. Comme en France on se croise sans se saluer, je tente un regard que la personne détourne, tant pis on fera avec. Marche en ligne droite, d'un côté succession de pavillons de l'autre forêt et entre les deux une voie rapide, à circulation lente.
Impossible de renier si vite mes origines, je ne peux m'empêcher de traverser hors des passages prévus à cet effet, ce qui n'est pas vraiment la norme ici, tout le monde respectant scrupuleusement les conventions. Je me demande à quoi c'est dû. Un civisme totalement intégré à base de respect de la réglementation, ou la peur du gendarme, il me semble bien que l'uniforme et l'administration ont tous les droits. Alors que chez moi l'irrespect des procédures qu'on tente de nous imposer est un art de vivre. Je me fais donc ce petit plaisir de franchir, à ma manière personnelle, les deux voies rapides qui me sépare de mon but commercial. Quel bonheur simple et gratuit que ces instants de pure liberté volée et insoumise, bien innocemment et en regardant quand même à ne pas me jeter sous les roues du premier véhicule venu (d'autant qu'ils sont assez imposants).
Me voilà dans le Zellers. À la recherche de quelques produits de base, rasoir, mousse à raser, shampoing, chaussettes et autre bonnet pour supporter l'hiver. Je finis par trouver le rayon cosmétique et là problème et difficulté. J'ai toujours utilisé des rasoirs mécaniques, mes tentatives de rasoir électrique ne m'ont jamais convaincu et j'ai la chance de ne pas avoir une pilosité importante. Impossible de trouver des recharges pour mon petit rasoir jetable deux lames. J'avais en France fini par me résoudre à passer aux 2 lames. Ba c'est vrai quoi, la première tire le poil et la seconde le coupe avant qu'il ne se rétracte. Pur argument commercial, certes, mais qui a le mérite d'être suffisamment imagé pour sembler un peu crédible. Ici rien de tout cela pléthore de 5 lames. Je fini par jeter mon dévolu sur un 3 lames (il ne faut pas abuser quand même) 5 lames je me demande si ce n'est pas un rien excessif et pourquoi pas 10 pendant qu'on y est. Arf j'aurai mieux fait de me taire on va me piquer l'idée. A moins que le Canadien ait le poil vraiment dur ? enfin, il va falloir que je m'informe plus sur cette étrange affaire, qui me laisse un rien dubitatif. Autre particularité c'est que les prix affichés ne sont pas ceux que vous payez, vu qu'ils vous ajoutent les taxes à la caisse. Ce qui revient un peu à ce que chez nous tous les prix soit indiqué en hors taxe et qu'à la caisse on vous facture le TTC. Sur le coup cette pratique me semble bien étrange et pas rationnelle, ni efficace. Après réflexion finalement c'est très compréhensible, cela favorise le commerçant, (on a l'impression de payer moins cher à voir l'étiquette), et aussi cela oblige le client à une permanente gymnastique de calcul mental très bénéfique pour le garder jeune et l'esprit alerte. Pour la petite histoire et pour vous démontrer à quel point ici les gens sont civilisés aucunement besoin de mettre une pièce dans le cadi pour être sur que vous le rameniez cela va de soi.
Passage en caisse. Rien à voir avec la France. D'une part les magasins étant ouvert tard le soir et même le dimanche, en général pas trop de queue aux caisses. Quant à ce matin vers 10 h en fait je suis le seul client. Le rapport avec la caissière est également très différent. Ici le client est roi. Déjà conversation policée et de bon aloi : comment ça va aujourd'hui ? vous allez bien ? etc. d'autre part on vous met tous vos achats dans de belles poches plastiques et vous n'avez qu'à signer le talon du ticket de carte de crédit. Pour nos amis canadiens, j'explique pourquoi je relève ce point. En France dans un super marché c'est la course, on fait la queue un bon moment, puis la caissière les traits tirés et visiblement agacée d'avoir à faire ça, passe un à un à vitesse grand V tous vos articles au code barres et c'est à votre charge de les réceptionner le plus rapidement possible au bout du tapis afin de ne pas provoquer un embouteillage. Il faut également préciser que chez nous on ne donne plus de poches plastiques, bien trop dommageables à l'environnement, donc débrouillez-vous avec tous vos achats empilés en bout de tapis roulant, et plus vite s'il vous plait les autres clients attendent. Donc c'est toujours un bon moment de stress et de frénésie domestique pour empiler à la va-vite tous les produits qui vous arrivent dessus à toute vitesse. Rien de cela ici, on prend son temps, c'est la caissière qui met dans les sacs. Même si cette débauche de sacs plastique me semble complètement inconsidérée et totalement injustifiée, nocive à l'environnement, et hors de raison, je ne peux m'empêcher d'apprécier grandement l'accueil qui nous est fait.
Retour à la maison. Évidemment, je n'avais pas remarqué le faux plat, le retour est donc plus lent sans parler des courses à porter. Je passe devant une école : Arts appliqués et technologie. Je trouve un peu étrange cette association. Peut-être devrions-nous en France penser à faire des sections Beaux Arts et Informatique. Ce mélange pluridisciplinaire me semble tout à fait pertinent et susceptible d'ouvrir des perspectives nouvelles. Les mélanges ont toujours été facteur d'enrichissement.
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