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Pouvoir et richesse


Je me suis éloigné de la France pour quelque temps, cela devrait me faire beaucoup de bien. Je commence à suivre de loin en loin et en décalage ce qui se passe dans mon beau pays.

Je suis ressortissant français c'est sur mon passeport, tant que je ne fais pas les démarches pour obtenir une autre nationalité cela reste une réalité de fait et de droit à laquelle nul ne peut s'opposer. C'est dans ce cadre que je m'exprime ici en mon nom propre et exclusivement, n'engageant que ma réflexion et ma sensibilité du moment, en toute liberté d'expression. Je suis assez étonné de voir avec quel aplomb régulièrement et a chaque élection nous voyons des personnes s'adresser au pays en nous infligeant des arguments : "les Français veulent..." "Les Français pensent...". Un des exemples que l'on entend régulièrement est la variante : "Les français veulent la vérité..." avec comme corollaire "ils ne sont pas dupe de la langue de bois et donc ne croient plus en la politique". En ce qui me concerne vouloir la vérité me semble un rien excessif, je n'en demande pas tant, et ce, pour plusieurs raisons : d'une part, connaître la vérité me semble sur certains sujets bien délicat et même prétentieux, vu que chacun a juste tendance à affirmer ces propres convictions dans un monde complexe et changeant où les vérités d'aujourd'hui deviennent vite les mensonges d'hier. D'autre part parce que bon nombre de ces vérités ne me seront intellectuellement pas si évidente à appréhender, et ce, pour une simple raison de compétence technique, par exemple: la vérité sur la panne de mon pc je maîtrise parfois, mais beaucoup moins sur ce qui provoque ce dysfonctionnement de mon système immunitaire, enfin prenez l'exemple qui vous convient pour suivre mon propos. En ce qui me concerne quand on dit "les Français veulent la vérité" cela me semble une formule à l'emporte-pièce qui ne me convient pas vraiment et sonne faux. Je me contenterai largement juste de déclarations qui semblent crédibles compréhensibles et qui ne soient pas contredites dans les faits.

J'ai l'impression que ce qui préoccupe beaucoup nos hommes et femmes de pouvoir et leurs équipes demeure plus de tenter de savoir quels sont les grands courants suscitant une émotion collective et de communiquer dessus en terme de "on a compris, on s'en occupe". Plutôt que de réellement s'attaquer en profondeur aux difficultés et aux crispations de nos sociétés. Cela va jusqu'à créer eux-même les polémiques qu'ils semblent ensuite prendre en compte, allumer des feux qu'ils s'empressent d'éteindre en pompiers providentiels. Nos sociétés sont bien plus structurées et solides qu'il n'y parait à pouvoir se contenter de visions à si court terme et d'y survivre. Certains l'ont d'ailleurs bien comprit qui continuent de prospérer éhonteusement et sans scrupule au détriment du bien commun et s'en dédouanant d'une manière légère et hypocrite. Certains parleront de nature humaine qui cherche à assouvir deux besoins exacerbés, pouvoir et richesse. D'ailleurs en toute franchise nous recherchons tous cela. La richesse et le pouvoir, principalement au fond par peur de manquer, de ne pas avoir assez, ce qui nous pousse à accumuler pour garantir une sécurité de notre intégrité physique. Peur irraisonnable qui se décline sous forme névrotique et psychotique, obsessionnelle. Pouvoir et richesse pour lesquels nos élites se déchirent et s'écharpent, laissant à chacun d'espoir d'en obtenir, s'il participe au grand cirque. L'espoir d'une vie honnête et tranquille, s'effiloche dans l'illusion de devoir continuellement courir après une utopie de pouvoir et de richesse que bien peu obtiendront, mais qu'il reste indispensable de susciter pour maintenir le système. Quand on nous parle de respect des valeurs j'ai quand même la douloureuse impression que nous ne parlons pas toujours des mêmes.



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