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Donner
Le temps passe déjà quatre semaines de bus driving. Petit debriefing pour faire le point sur ce nouveau job ...
Je fais tous les jours le même trajet. C'est un choix que je ne regrette pas ca m'a pris trois semaines pour le connaître par cœur ^^ et c'est bien agréable de ne plus chercher sur le plan ou je dois aller et je trouve encore des raccourcis :). Voici donc un peu en vrac quelques réflexions et pensées profondes sur mon quotidien de septembre.
La 2 ways radio. Elle rythme la journée, non pas de musique mais de voix. Des infos et problèmes de notre micro société de bus driver d'Ottawa. Ca commence par un "Jp to base for radiocheck, good morning" suivi d'un "good morning Jp" j'aime cette voix chaude féminine pour débuter la journée. Après c'est un peu la cohue et j'en profite pour essayer de muscler mon anglais en tentant de comprendre plus ou moins ce qui se dit. Il y a les stars de la radio, Mike surtout qui appelle la base pour tout et n'importe quoi de sa belle voix bien male, calme, posée et bien articulée, je l'envie de son aisance verbale tout en me demandant quelle tête il a ?
Une particularité du Canada est que les gens ici sont civilisés. Sisi vraiment et même au volant. On se fait des politesses et tout le monde sourit. Souvent il m'arrive de rentrer le soir la mâchoire un peu douloureuse à force. Vous croyez que je plaisante et ben non c'est ainsi. On sourit et on est gentil. Les "thank you" "You're welcome" sont légion. Que ce soit avec les professeurs, les parents, les enfants, et même les autres automobilistes. Sans parler des innombrables signes de reconnaissance complaisant de la main.
Il faut dire également qu'à Ottawa (au Québec il parait que c'est diffèrent) le rythme de la circulation est assez lent. Les gens regardent à gauche à droite avant de s'engager, et des fois on a l'impression qu'ils regardent aussi en haut et en bas puis que pris de doutes ils recommencent à droite à gauche même s'il n'y a personne. C'est plutôt exaspérant pour un conducteur français speedé, ici c'est normal. On laisse énormément de place autour des véhicules et on va lentement en se tenant loin des autres. Une autre spécificité les croisements : Presque toujours c'est un stop aux quatre cotés de l'intersection. Donc arrêt et immobilisation de chaque véhicule à chaque croisement. Le premier arrêté à la priorité pour traverser ca semble fou mais ca casse complétement la vitesse et donc les gens ne foncent pas. On va relativement lentement et on s'arrête complétement à chaque croisement. Poins de rond point et très peu de cédez le passage, mais des stop à profusion. Au début c'est agaçant, finalement c'est très bien, d'autant que c'est un art de vivre bien respecté :).
Un mois : "They call me Bus Driver" on dirait une chanson de Muddy Watters. Deux enfants qui ont vomis (J'espère que ce n'est pas du à ma conduite) bonjour le nettoyage à faire après. Brouhaha "Bus driver someone bleeding ! ..." J'ai du quitter la troisième voie et me garer en urgence pour aller voir ce qui se passait. Rapatrier le saignant vers le devant du bus et soigner ses lèvres. J'ai du en ramener à l'école qui avaient pris le mauvais bus. Retrouver la maison ou les parents angoissés d'autres qui avaient loupé leur arrêt. Tous les jours l'imprévu. J'ai ramené mon bus cahotant juste à temps pour le garer, après, impossible de le bouger. Tel un massif animal blessé qui rentre à sa tanière et se couche pour mourir, il est resté là inerte comme un gros pachyderme dead. (Les mécaniciens ont mis plus d'une semaine à le ramener à la vie)
Globalement pas beaucoup plus que 1000 dollars canadien par mois (environ 630 euros sans aucun avantages) pour entre 6 et 7 heures quotidiennes les jours scolaires, avec comme fonctions : infirmier, nettoyeur, gendarme, taxi, mécanicien et la responsabilité d'éviter de rouler dessus à chaque arrêt. Heureusement que parfois les parents gratifie d'un thank you bienvenu !
Septembre a été exceptionnel. Une grosse majorité de ciel bleu plein soleil, deux trois jours gris et deux jours de pluie légère le bonheur. Les enfants jusqu'à 70 par fournée sont ... des vrais enfants totalement, bruyant, criant, strident, remuant, indiscipliné, provocateur, n'écoutant que quelques secondes les consignes ... des enfants quoi. J'avoue que c'est parfois difficile de rester concentré et calme. C'est certainement l'aspect le plus difficile de mon point de vu et actuellement. Mais quand un petit bout de trois quatre ans accroché à son parent me fait un grand signe de la main pour me saluer après que je l'ai déposé et que je lui répond pareil depuis mon poste de pilotage, ca me fait fondre le cœur et ca me rend heureux d'un coup pour pas mal d'heures.
Le mécanisme d'ouverture de la porte
Notez la hache de service au dessus de mon genoux
J'apprends tous les jours, hier c'était comment faire marcher le chauffage dans le bus ... ca tombe bien on a passé la journée à 5 degrés
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