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Au cœur de la tempête, ça a été ma semaine. Quand je vivais à Bordeaux dans la vieille France la neige on en avait parfois, un ou deux jours par année, et encore pas toutes les années. Au Canada je ne compte plus les tempêtes de neige, c'est un vrai changement. Quand je dis que je viens de Bordeaux ça attire automatiquement le respect. Au départ je pensais que c'était du à ma stature et à mon charisme naturel ^^ avec le temps j'ai fini par comprendre que tous entendaient que je sortais d'un séjour à la célebre prison de Bordeaux, depuis je précise bien "oui vous savez le vin" et tous me regardent maintenant d'un air entendu, comprenne qui pourra.
Cette semaine donc, mercredi matin, belle route toute dégagée mais l’après midi 20cm de neige sont tombés. Il y en a partout. On ne roule plus dans une boule de neige mais dans une bourrasque continuelle. C'est drôle cette propension qu'ont les roues arrières à vouloir dépasser les roues avant ! Comme si elles étaient pressées d'en finir et de rentrer au parking. Moi aussi, mais chaque chose en son temps. La conduite devient terrifique, j'espère juste rentrer et comme à mon habitude je vais lentement, très lentement. A chaque arrêt le bus patine et refuse d'avancer je dois faire de petites marches arrière pour le relancer dans sa marche vers l'avant. Je découvre aussi l'utilité des deux petites vitesses que la boite automatique du bus autorise, et me voila à conduire comme avec une boite manuelle ça je connais ! Je fais ma plus grande montée les fesses serrées, si je reste stuck bloqué dans la cote et que le bus s'immobilise ou pire part en glissade arrière ça va craindre vraiment, heureusement je monte tout en chassant régulièrement.
C'est un peu plus loin, à ma grande surprise, alors que je croyais le plus dur passé, dans une petite cote que ça coince. Encore les roues arrières qui veulent passer devant et le bus commence à se mettre en travers, je le récupère et je monte à la vitesse d'un escargot en dosant l’accélération avec toute la finesse dont je suis capable du bout des doigts de pied mais ferme et constant, si le bus s’arrête jamais il ne repartira la dedans. Ça monte, mais si lentement, une éternité, finalement ça passe Ouf ! A la radio de bord les retards s'accumulent, certains sont stuck in the snow, en fin de journée on dénombrera plus de 163 routes de bus en retard dans cet après midi, on se sens moins seul à posteriori. A priori c'est différent d'autant que j'ai une 60aine de petits enfants qui attendent "sagement" et plutôt bruyamment que je les ramènent à la maison
Une autre particularité de la conduite d'hiver c'est que les rues changent de taille. En été les rues sont très larges. Au Canada bien plus qu'en France on est à l'aise presque partout, bien loin des petites rues citadines françaises. Ici c'est tiré au cordeau et très spacieux, pas de problème. L'hiver c'est tout autre chose et la largeur des rues diminue de moitié à cause des bancs de neige. Croiser une voiture devient parfois difficile et croiser un autre bus délicat au millimètre, on doit tous y mettre du sien. Quand j'étais tout jeune j'avais adoré et rêvé sur "Airport" un roman d'Arthur Hailey paru en 1968 qui décrit un aéroport dans une tempête de neige. Ces conditions climatiques c'est maintenant ma vie réelle Qui l'aurait cru ? Comme quoi tout est possible dans la vie si on suit ses désirs. Finalement je ferais certainement comme lui en m'exilant avec ma chérie dans une île chaude. Un autre désir me trotte aussi dans la tête depuis que j'ai appris que Robert Godin allait sortir en mars de son usine québécoise une version gaucher de sa célèbre canadienne 5th Avenue Kingpin La vie est faite de désirs.
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