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Comprendre

Une belle nuit


Cela fait bien longtemps que je ne fais plus mes nuits. Deux heures du matin, dimanche, alors que ma blonde ronronne sous la couette et la couverture chauffante, après avoir fini de déneiger les terrasses, je fais une pause café avant de m'attaquer au toit. Quand on rentre à l'intérieur, après quelques heures de travail, on a l'impression suffocante de pénétrer dans une étuve, un sauna. Il fait 20 degrés dans le chalet. Une grosse buche crépite dans le foyer.

 

Je pense au Canada et ses visions féériques. Un jour d'hiver en conduisant mon bus en direction de Navan sur une route droite, vide. Un champ à gauche et le même à droite. De la neige partout. Le vent féroce, balaie et fait traverser des vagues duveteuses de brume neigeuse comme une mousseline, comme une dentelle de fumée, au raz du sol, au point que la route disparait, réapparait. C'est sublime, rare, unique, pour quelques privilégiés, gratuit et sans prix, sinon celui de vivre ici. Autres visions : Le lac ou le fleuve qui fume. Les arbres sur les rives aux branches toutes scintillantes d'une multitude de petits éclats, diamants de givre. Lever ou coucher de soleil. Travailler la nuit, dans le silence et les bruits nocturnes, à la lueur d'une lune timide qui se cache, avec parfois, fugitive, la peur du noir que l'on rejette, seul en pleine nature.

 

Quatre heures du matin, la lune est partie se coucher derrière un ciel qui s'est couvert, j'abandonne le toit partiellement déneigé après un bel effort. Comme pour se moquer de mon orgueilleuse prétention et me remettre à ma place, il recommence paisiblement à neiger de gros flocons.


il va falloir encore pelleter



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