Zoom
Prudence
Qui l'aurait cru ? Même pas moi et dieu sais que je suis parfois crédule ... Qui aurais pu penser qu'un petit citadin français élevé aux rues de la ville, ferait la joie de ses fins de semaine à 57 ans à hacher de la bûche et monter son tas de bois, perdu au fin fond du Canada, au creux d'une vallée, sur le bord d'un lac ... sans internet, ni télévision, ni téléphonie. Des réminiscences de Charles Ingalls de la petite maison dans la prairie. Évidement ce n'est pas le bois pour l'hiver prochain, celui la va sécher tranquillement dehors pendant deux trois ans avant de nous réchauffer, c'est d'expérience : Toujours prévoir trois hivers à l'avance.
Quand je suis arrivé d'Ottawa pour cette fin de semaine, j'étais plutôt dégoûté de la vie, des gens, de la montée de l'intolérance ambiante contre tout ce qui n'est pas soi-même (ou ce que l'on croit l'être). De sentir qu'on se monte les uns contre les autres et qu'il n'y a pas besoin de beaucoup d'efforts pour y arriver. Écœuré du manque de fraternité, de l’égoïsme, de insatiabilité et de l'avidité de certains qui prônent l'inégalité sous prétexte que c'est dans la nature humaine, (ce qui les dédouane de toute culpabilité). En fait, de leur point de vue, c'est tous les autres qui ont tord et sont idéalistes et utopistes, quel perfide retournement de valeurs qui fait bien leur affaire. Overdosé de mauvaise foi, de malhonnêteté intellectuelle, de bonne conscience de pacotille de parvenus ou espérant l'être, de bêtise opiniâtre qui s'ignore et de méchanceté innée. Affligé de constater la perte de certaines valeurs et la montée d'autres que je ne partage pas. Je me suis défoulé sur le bois que j'avais monté la semaine dernière, commençant plutôt mal en brisant ma hache (mais j'en ai toujours une en réserve au cas ou).
Mon équipement de base est : deux haches, deux masses, un coin de bon fer, une petite scie avec une lame de rechange et beaucoup de bonne volonté. Largement suffisant pour abattre du travail et monter un bon tas de bûches en quelques heures. Vers 6h30 du matin j'ai la visite du voisin. Je l'aime bien mon voisin, il sait toujours tout sur tout et n'y voyez aucune ironie de ma part, bien au contraire, je suis toujours à l’affût de ses conseils judicieux. En général on s'entend travailler malgré la distance qui sépare nos chalets ça rassure et on se sent moins seul. Il est donc passé jaser quelques minutes avant de me laisser continuer à bûcher. J'aime entendre le bois craquer et s'ouvrir tout seul après y avoir enfoncé le coin, l'odeur qui s'en dégage, j'aime aussi quand d'un coup, d'un seul on fend une belle bûche.
Au bout de quelques heures d'efforts vers 10h quand j'arrête et que je contemple mon tas de bois qui a bien monté, je me sens mieux. Plus apaisé. Pas envie d'écouter les informations ni savoir ce qui se passe dans le monde, pourquoi faire ? Pour m'inquiéter, me désespérer, m'indigner, cela reviendra bien assez tôt ... La j'ai juste envie de profiter, jouir d'une saine et bonne fatigue, boire un verre d'eau avec quelques gouttes de jus de citron. Et tout à l'heure, dans l'après midi, avec ma chérie, se laisser tremper dans l'eau fraîche du lac.
◄ précédent Jp 17 juillet 2017 suivant ►
18 juillet 2017 à 05:59 de Kilde
Très salvateur tout cela Bravo. Je ne sais pas si cela peut être utile, mais parfois lorsque je suis dans le même état d'esprit concernant la bétise humaine, le monde, etc. Je sais que me coller dans ma bulle et faire chaque chose du mieux que je peux, chaque tâche quotidienne, l'arrosage de tout le jardin, le ménage etc. Mais aussi me faire plaisir, me permet de retrouver une force intérieure et un apaisement. Je me suis également rendue compte que cela me permettait de mieux donner aux gens que j'aime de ce qui je suis et que restant ainsi me permet de garder farouchement ces valeurs, quelque part une manière de lutter contre tout ce qui dégoûte. Profitez bien tous les deux et ne changes rien
18 juillet 2017 à 06:10 de Jp
Bien d'accord avec toi Kilde c'est une très bonne manière de faire