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Amour

Une nouvelle voiture


Le quotidien parfois nous rattrape par surprise. C'est ce qui nous est arrivé hier, alors que nous sortions vers 14h de future Shop pour un petit achat bureautique. Arggg ! La pédale de frein s'enfonce à donf, et aucun pompage ne parvient à lui redonner la moindre rigidité, gasp. Le voyant des freins clignote effrontément avec opiniâtreté.

Nous décidons donc avec prudence devant cette molle inconsistance du circuit hydraulique, de continuer notre route à pied. Voilà donc notre char hors service, point final d'une longue série d'avaries, depuis le lâche abandon de la climatisation, le cassage du piton de ventilation, la rouille grave des jantes et de la caisse, j'en passe en oubli. Stoïquement mais passablement troublés, nous laissons donc notre gros GMC inerte, tel un pachyderme à l'agonie, sur le parking du magasin.

Moins 27 degrés centigrades, nous en prenons pour notre grade et la route. Le paquet de course sous le bras, c'est parti pour 40 minutes de marche jusqu'au dépanneur garagiste, ce qui en passant nous rapproche de notre cabane. Heureusement, il fait beau, et le système de freinage a rendu l'âme pendant que nous magasinions, ce qui est somme toute préférable à ce qu'il ai pris cette initiative alors que mon amie les cheveux aux vents, n'enfile à tombeau ouvert une dérive à 90 degrés vers la voie perpendiculaire, ce qui a la fâcheuse tendance à scotcher les éléments flottants de l'habitacle ainsi que les occupants, contre la paroi opposée au virage.

A pied, au calme, alors que nos chaussures font crisser la neige, nous réfléchissons. Le char est à bout de souffle, de toute manière on avait prévu de le changer, il tombe en ruine et a vécu son temps. Il est environ 14 h 30 le soleil est haut, pas d'enfants à charge en ce mercredi. Nous décidons donc de continuer notre périple et de commencer la recherche d'un nouveau véhicule susceptible de remplacer notre vieille, mais vaillante monture. Notre quête initiatique et notre recherche du Graal automobile commencent ici, en pleine rue après 35 bonnes minutes de marche dans la neige et le froid rigoureux de l'hiver canadien.

Après un passage rapide et informatif au garagiste Wolksvagen nous faisons une pause chez le concessionnaire Audi devant la magnifique Audi A3 version de base. Notre interlocuteur autrichien a la gentillesse avenante de nous offrir deux bouteilles d'eau bienvenues et un petit sac Porsche afin de transporter ces magnifiques brochures. J'avoue: je suis très séduit. Le seul problème c'est que cela dépasse de beaucoup notre prévision de budget mensuel consacré à cette opération locative. Mais bon cela a l'avantage de bien nous réchauffer et de nous préparer aux difficultés que nous allons devoir affronter.

30 minutes supplémentaires de marche et nous voilà face à la concession Toyota. Nous recherchons en vain un interlocuteur parlant français. Cela se fera en anglais avec un spécialiste Toyota Ukrainien. Je n'ai rien contre l'anglais, cette langue j'ai bien du la pratiquer quasiment 12 années pendant mes études ... certes c'est assez éloigné, mais franchement j'arrive à peu près à saisir et à comprendre que l'on tente de m'envoyer un message verbal. Ce qui me laisse plus dubitatif c'est l'incompréhension ébahie de mon interlocuteur quand je commence à tenter de m'exprimer. On peut discerner un agrandissement des pupilles, haussement de sourcils, une certainement paleur, la bouche qui s'entrouve sur un beau rond en suspend. En général j'essaie de ne pas me laisser perturber par le manque de fluidité linguistique de mes interlocuteurs, certainement du a une absence de familiarité avec les intonations et les subtilités de mon interprétation à la française de la langue de Shakespeare. Notre ami s'en sort en nous proposant un café que j'accepte. Ouch ! Merci ça réchauffe. Nous faisons donc le tour du sujet, et prenons note de ces propositions, fort correctes, d'autant qu'il nous propose de tester le modèle qui nous intéresse, sur le trajet qui nous conduit chez son concurrent. Cette avenance me laisse sans voix. J'abandonne le volant à ma moitié afin quelle puisse se faire une idée plus précise de la tenue en virage et de l'accélération, au départ arrêté, d'un feu de croisement à l'autre. Nous voilà déposés devant le dépositaire Pontiac Chevrolet General Motors. Grand merci à notre ami Ukrainien.

À ce stade nous somme pris en main, en anglais, par un tout jeune émigré Chinois, qui nous nous propose d'office de tester le modèle qui correspond à nos désidératas. Nous pénétrons donc dans l'habitacle de la Pontiac Vibe. Ma compagne s'exclame et me fait remarquer que c'est exactement le même intérieur, tableau de bord, etc. que la Toyota Matrix que nous venons juste d'essayer. J'avoue ne pas être très au courant du marché automobile, mais là c'est absolument confondant. C'est pareil. Nous en profitons pour retourner sur le parking ou git toujours notre ex-véhicule pour mettre un papier indiquant qu'il est en panne sur le parebrise. Notre vendeur en argument ultime nous explique que son véhicule est fait entièrement au Canada et non, comme certains, dans des pays asiatiques, ce qui est un gage de meilleur qualité. Je suis d'autant plus sensible a son argument qu'il a quitté la Chine il y a 6 mois, et que sa défense des valeurs canadiennes montre à quel point le sentiment national devient vite une seconde nature ici, synonyme d'intégration parfaitement réussie. C'est comme d'avoir l'emblème des Sénators d'Ottawa sur le char, ainsi que le drapeau canadien à la fenêtre de la maison.

Revenus dans les locaux chauffés de la succursale, nous entamons les vraies négociations. Ici marchander n'est pas véritablement une façon normale de faire, ce n'est pas une raison pour ne pas mettre en pratique mes compétences commerciales acquises de haute lutte, après deux ans d'école de commerce. Après 35 minutes notre ami demande de l'aide, et se fait remplacer par son patron qui parle très bien le français étant Libanais d'origine. A nouveau nous évoquons nos pays, cette fois dans un français de bon aloi, et il fini par nous faire la meilleur proposition que nous ayons reçu à cette heure. Il est 19 h nous avons passé l'après-midi à discuter et tester des voitures. Une certaine lassitude commence à se faire sentir, d'autant que le repas de midi est loin et la marche sévère.

Néanmoins et courageusement, refusant une proposition de reconduite à notre foyer, nous décidons, munis de la proposition fort alléchante et bien économique libano-chinoise de Pontiac de retourner à pied chez notre Ukrainien de Toyota tenter d'obtenir une offre plus intéressante encore.

Je vous épargne les détails et les effets de manche de la négociation serrée qui s'en suivit. Pour finir nous avons fait affaire chez Toyota, après avoir pris connaissance de toute la vie détaillée de notre nouvel ami. Le directeur financier, un pur canadien de souche, nous a raccompagnés chez nous vers 21 h 30. C'était vraiment super de le proposer, car 40 minutes de marche nous séparaient de notre habitation et compte tenu de la journée passée, j'avoue, qu'il aurait été bien dur de les faire dans la neige, la nuit, avec la boite de course toujours sous le bras. Oui dans cette grande société multi-culturelle qu'est le Canada, on travaille beaucoup, même très tard le soir clin d'oeil mais la convivialité et le respect ne sont pas un mythe.



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