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Mélodieux

La vie de chalet


Pour les plus curieux d'exotisme d'entre vous, tous les détails dépaysant du dernier week-end au chalet.

Samedi. Réveil de bonne heure et de bonne humeur. Sorti de la voiture du garage vers 9h pour le départ hebdomadaire chalet. Il a fort neigé cette semaine. Les rues d'Ottawa sont encore calmes, peu de trafic. Le pont frontière entre l'Ontario et le Québec se passe plus rapidement que de coutume, c'est très agréable. Le ciel est tout bleu et le soleil au rendez-vous de ce début de 13 décembre 2008. La route est bien nettoyée de tout ce qui est tombé cette semaine, le paysage superbe. Champs de neige inviolée, branches d'arbre pliant sous le poids des flocons denses, petit lac gelés. Rapidement à environ 80 90 km/h nous remontons le cour de la rivière des Outaouais jusqu'au petit super marché Métro de Gracefield. Arrêt traditionnel et nécessaire à une vingtaine de km du chalet. Ouch on sent les -20 degrés centigrade en débarquant de la voiture. 11h nous voila en vu de Bouchette nous quittons la route 105, des lors c'est route enneigée. Traversé du pont en bois, nous laissons les deux derniers dépanneurs. Maintenant c'est la grande nature, la route goudronnée devient chemin de terre, je le sais d'expérience car tout ce qu'on en voit est neige, prudemment je me cale à 35 km/h dans les traces au centre de la voie pour la fin du parcourt. A un détour du chemin trois biches traversent lentement la route, une se retourne tranquillement pour nous regarder passer, on s'observe réciproquement, voila qui change bien de la ville. Le chalet c'est un autre monde. On alterne montées et descentes à 12% jusqu'au dessus du lac. A plusieurs voisins on se cotisent pour faire ouvrir l'hiver une partie du chemin qui borde le lac. Visiblement ça été fait dans la semaine, ce qui va nous permettre d'avancer la voiture au plus près. Il a quand même reneigé depuis, on roule donc lentement dans 15cm de neige fraîche jusqu'à un tas compacté d'un bon mètre de haut indiquant que le chasse neige n'a pas été plus loin. C'est le bout de la route d'hiver, le chalet est plus loin à environ 300m.

Je tâte un peu le terrain en m'avançant sur le bord du gros tas et je m'enfonce jusqu'au genou. Prudemment je bats en retraite pour l'instant. On vide la voiture et nous voila à trois, chargé de tous les sacs, victuailles et ordi portable, divers en bandoulière et plein les bras etc. raquettes aux pieds, prêt à affronter le trajet qu'il nous reste. Je précise à ma moitié de plutôt nous suivre en piquant directement au centre de l'énorme tas de neige, ce qui me semble plus sur compte-tenu de mon enfoncement récent. Évidement elle n'en fait qu'à sa tête comme à son habitude et emprunte le bord, je me retourne pour voir si tout va bien. A priori ça va. Les quatre fers en l'air, à quatre pattes, les raquette en vrille, et de la neige jusqu'aux coudes, elle continue une progression opiniâtre bien que non dénué d'un certain agacement. La baguette de pain qu'elle n'a pas lâché a pris une forme, plus, moins, m'enfin. Avec élégance elle réussi à reprendre pied, Ouf ! C'est de la poudreuse toute légère et on s'enfonce bien malgré les raquettes. Nous voila enfin arrivé ! On y est ! Super ! Coup d'œil au thermomètre: 10 degrés dans le salon. Premier job nettoyer le foyer et faire du feu, il faut environ deux heures de bon feu pour faire monter la température à 20 degrés, ce qui est bien confortable. D'ici la un peu de vin et un déjeuner sur le pouce feront l'affaire. Il fait toujours un temps magnifique et froid. Soleil et ciel bleu. La première bûche commence à crépiter de belles flamme gaies, on a ouvert les rideaux. Sur le balcon la table de picnic a presque disparu sous pas mal de centimètres de jolie neige blanche. Je suis content et bien d'être la. C'est beau comme un décor de noël. Les grand sapins couvert de neige, le calme paisible, le silence, le feu, un bon verre de vin et bonne compagnie. Un vrai gout de paradis.

12h30 Diner envoyé, je pars déneiger la terrasse. Le sous sol du chalet est direct sur la terre et la petite pièce où se trouve la pompe et les outils a les murs couvert de laine de verre protégée par un voile de plastique transparent et épais, agrafé aux murs. C'est très artisanal et les accrocs sont nombreux. Mais la c'est plus qu'un accro: une bonne partie de ce qui était au plafond est tombé. J'ai de la laine de verre et une agrafeuse, je remonte donc tout ça, ce qui me prend une bonne demi-heure. Voilà qui explique peut-être pourquoi je trouve qu'il ne fait pas si chaud dans la pièce du bas. Il est vrai aussi qu'on vient de passer une semaine avec des températures de -26 degrés sur plusieurs jours. Jusqu'alors on n'était jamais descendu en dessous de -12. Bref, je repars, bonnet sur la tête, gants aux mains, pour mon travail initial: dégager la terrasse. Ce qui me prend environ 45 minutes, pelle en main, quand une exclamation parvient à mon cerveau passablement déjà engourdi par l'effort.

ON N'A PLUS D'EAU ! A ? Aie ? Oui ! Bon ! Pas de panique, raisonnons ! Les anciens propriétaires, forts avisés, nous ont laissé les notices de la plupart des appareillages du chalet et j'ai tout dans le sac, j'envoie donc ma douce potasser tout ça, le temps de me prendre un café pour me réchauffer les doigts et le reste. Armés donc de la doc nous descendons voir la pompe. Ce n'est pas très inspirant il faut l'avouer. Il y a de la pression au manomètre mais elle ne démarre plus. Je trouve que ça bouge un peu dans le mur à 50 cm d'où je me trouve. D'ailleurs en regardant un peu mieux je vois à travers le plastique transparent, la tête d'un chat qui me dévisage, les yeux tous ronds, puis bondi telle une fusée en direction de ma compagne qui se croyant attaquée pousse un grand cri, panique, l'animal disparaît comme par enchantement. On ne le reverra jamais du weekend, j'ai beau chercher, impossible de savoir par où il a bien pu se dématérialiser. Entré surement par le plafond dévasté que je viens de colmater, mais sortir ??? encore un des mystères du chalet sur lequel il faudra que je me penche à temps perdu et tête reposée. Pour l'instant l'urgence c'est la pompe. Et il y a urgence ! C'est vrai que pour moi passer une journée sans prendre de douche, juste en me débarbouillant avec de la neige ou même faire un trou dans la glace du lac pour y puiser un peu d'eau, me semble tout à fait convenable. Il n'en est pas de même pour tous et je dois bien admettre que mon amie ne semble pas tout à fait envisager les choses sous cet angle. Un fil utilisé habituellement pour dégivrer les toits entoure le tuyau d'eau ainsi que la pompe. En regardant mieux on voit qu'il n'est pas branché. A ce stade, pas grand chose à perdre, je le connecte et au bout de quelques minutes il chauffe. Assez vite la pompe recommence à fuir comme à son habitude, c'est une bonne nouvelle sourire En fait après réflexion il semble qu'elle ai gelé: Froid plus extrême que d'habitude, dégradation de l'isolation par les chats ... Par principe de précaution j'avertis quand même de se limiter à un verre par personne et d'éviter de salir assiette sur assiette comme il est d'habitude, car la vaisselle sans eau courante me semble plus complexe qu'à l'habitude. N'étant guère plus inspiré et pour ne pas me sentir inutile, je pars déneiger le toit.

2h plus tard la moitié accessible du toit est déneigé et du coup la terrasse complètement recouverte. Je recommence à la déblayer. Mon "beau" fils sort courageusement m'aider, donne deux coups de pelle, trouve certainement que c'est dur et repart. Heureusement sa mère est plus courageuse. On pellète pas mal avant de crier grâce. Il est 16h20, la nuit tombe, le soleil a disparu depuis longtemps, le temps est gris, il commence à vraiment neiger, le feu illumine toute la maison. 20 degrés dans le salon. Fourbu, c'est l'heure aller regarder l'émission de musique live sur radio Canada, la seule chaine de télé analogique qu'on capte. Ce soir c'est un spécial musique "trad" pour traditionnelle canadienne. Un régal, j'adore, c'est superbe, on a l'impression de vivre comme il y a 400 ans aux origines pionnière de ce monde. d'ailleurs sans eau courante ça commence à faire roots. J'ai l'impression d'être le seul à trouver ça pas si pire. J'ai rentré une grande bassine de neige et on la fait fondre près du feu. C'est important d'avoir un peu d'eau, ne fusse que quand le besoin deviendra trop pressant d'utiliser les toilettes. Un bon repas chaud à base de porc assaisonné, riz et salade, un petit film à trois au lit sur le pc portable, il n'en faut pas plus pour que je m'endorme confortablement sous le poids de la couette et de la fatigue.

Dimanche 2h du matin, réveil, c'est mon heure de toilette, j'en profite pour recharger le foyer en buches. J'entends le tactactac de la machine à pain, demain matin ça va sentir bon, tout chaud, j'adore sourire par réflexe j'actionne la chasse d'eau et surprise la pompe part, j'essaie un robinet ça glougloute et ça arrive. Hourra ! L'eau est revenue sonnez trompette. Par la fenêtre l'ombre des grands pins se découpe sur un ciel plus clair d'un bain de lune, grandiloquent dans le silence nocturne. Je retourne me coucher. Ma chérie m'accueille triomphalement, d'un "t'as tiré la chasse ???" J'éprouve la satisfaction du chasseur qui rentre victorieux sachant qu'on ne pourra rien me refuser maintenant que j'ai ramené l'eau ... Un sentiment de satisfaction très primaire, simple, fort, prenant, confortable, on se colle bien fort pour finir cette nuit.

7h aider les braises à repartir dans la bonne odeur de pain chaud. Tartines au beurre salé et à la confiture. Puis deux bonne heures supplémentaires au lit. La vraie vie, la vie vraie :). 9h Je chausse les bottes, je déneige un peu le chemin et je monte du bois que je stocke dans une pièce pas chauffée au rez de chaussée sous le chalet. Je le laisserais prés du poêle à l'intérieur au chaud pour la semaine prochaine. Trois bons voyages les bras plein, dans la neige jusqu'aux genoux pour monter les bûches. J'en profite pour finir de pelleter la terrasse.

10h Deuxième café. Raquettes au pieds, départ pour une ballade sur le lac gelé. Le ciel est gris, blanc, noir, avec les nuances, il neige. Parfois un grand vent secoue les pins et c'est des vagues de neige poudreuse qui s'envolent comme des voiles de brume. Une bonne heure de balade. On s'arrête discuter avec robert devant chez lui. C'est cool je l'aime bien, c'est un vrai québécois d'ici, de souche et de tradition, super gentil, et plein d'humour. J'ai parfois un peu de mal a comprendre tout ce qu'il dit, c'est réciproque, certaines parties de son discourt me reste inaccessible, ce qui ne m'empêche pas d'acquiescer dans la plus parfaite bonne humeur et avec de grands sourires heureux, je pense qu'il fait de même, j'aime ce pays. Ma traductrice personnelle m'expliquera plus tard si j'ai loupé quelque chose d'important, donc pas d'angoisse. Comme il est dans la construction je lance le sujet sur la pompe à eau pour quelques conseils avisés. C'est super, il nous explique qu'on peut prendre du sable dans son tas si on reste bloqué dans la neige, c'est très bon esprit, l'hiver au Canada c'est tous pour un et non chacun pour soi. 11h30 retour pour la préparation du diner. Il neige dru. Il fait bon dans le chalet, on a le temps pour regarder un peu de vidéo sur le pc au lit. 14h on commence à ranger, je passe l'aspirateur, on ferme les sacs et un tour général pour vérifier si tout est en place, retour harnachés vers la voiture qui nous attend sagement sous 20 cm de neige. Je me cale a 80km/h sur la route de retour en prudence raisonnable, on croise un pickup planté le nez dans le fossé, ce qui me confirme dans mon allure cool. On arrive à Ottawa vers 16h20, la nuit tombe. Évidement il faut déneiger le parking et l'accès à la maison ... encore 40 minutes à pelleter la neige d'Ottawa. 17h30 je rentre enfin dans la maison. Quel beau week-end de nature ! Vivement la semaine prochaine.

Lundi matin après une nuit d'un sommeil de plomb, il fait 5 degrés et il pleut, tant mieux. J'ai de bonnes courbatures partout, la pluie c'est cool pas besoin de pelleter, je vais pouvoir souffler un peu, faudra juste faire attention quand elle va transformer la chaussée et les trottoirs en patinoire glacée.



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