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Amour

Monsieur Bis


Chronique du Canada. Ça doit être l'age peut-être, ou que je n'ai jamais été particulièrement doué, ni très attentif à mes cours d'anglais (sauf à une certaine prof) plus d'une dizaine d'années en tout : j'ai honte. Mais s'il y a bien une particularité à ma vie d'expatrié c'est aussi celle-la :

Quoi que je dise et à quiconque, tout le long de mes journées, cela se commence et ce termine pour ainsi dire toujours par un : Comment ? Quoi ? What ? ou un simple regard interrogateur, interloqué, incompréhension plus ou moins chargée de vacuité. Pas le choix que de me répéter en espérant que suffisamment de mots soient compréhensibles pour que tous puissent feindre de s'entendre.

C'est pourquoi dans la quasi majorité des cas je me contente de peu choisissant précautionneusement mes syllabes : Rien n'y fait ! Même avec des contacts journaliers familiers et jusque dans l'intimité (moony pourra témoigner) que ce soit à cause de mon fort accent français qui me fait forcer sur les S et les L comme dans annanaSSss ou nombriL etc... me discréditant immédiatement comme non canadien de souche. Ce bis repetita de rigueur et de circonstance, répétition nécessaire, transforme toute ma pensée en une reformulation qui se décline en de multiples phrases et mots afin de communiquer. Comme un petit vieux qui radote ou qui est dur d'oreille. Générant une frustration naturelle à laquelle je réponds par de la résignation bienveillante en clonant inlassablement mes propos. Abandonnant d’emblée toute prétention d'éloquence ou de bons mots, et me contentant avec une satisfaction tentée de reconnaissance d'un simple signe ou d'un regard et sourire consensuel, j'aime sourire

Je me sens dans la peau de monsieur Bis, l'homme qui vient toujours deux fois, celui qui en redemande et qui en veut toujours, encore. C'est peut-être aussi plus profond qu'un simple déracinement linguistique et certainement une facette atavique de ma personnalité, l'essence de mon intimité la plus secrète et l'expression de ma virilité, qui fait que mes maîtresses m'ont de toute évidence toujours considéré comme un bon coup, toujours prêt et d'attaque pour le deuxième round et en découdre. Quand j’entends un : Hein ? C'est le temps de jouir d'une seconde chance ! Bis ! Chouette !

Et en plus Youpee ! C'est le printemps sourire

printemps 2013

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